Ne pas s'arrêter trop vite

CAPalgan

La course à pied comme traitement

Pourquoi ne pas abandonner trop vite ?



Une récente revue systématique nous apprend que l’exercice physique est aussi efficace que la prise d’anti-inflammatoires (AINS) ou d’antidouleurs dans la gestion de la gonarthrose ou la coxarthrose (1). Les auteurs ont colligé les résultats de 152 études pour conclure qu’à 4, 8 et 12 semaines, il n’y avait pas de différence entre les patients arthrosiques soumis à de l’exercice physique et ceux traités par anti-inflammatoires et anti-douleur. Dans les deux cas la douleur diminue et la fonction articulaire s’améliore. Autrement dit, l’activité physique est aussi efficace que les médicaments, les effets secondaires en moins !


Cependant, si une médication aura un effet rapide, ce n’est pas le cas d’une activité physique.


Ainsi une étude randomisée de 2015 (2), après 4 semaines de prise en charge, les patients gonarthrosiques (n=48) sous AINS montrent un bénéfice plus grand que ceux soumis à un programme d’exercices (n=46).

Une autre étude randomisée de 2008 (3) a également comparé l’exercice physique à la prise d’AINS chez 121 patients atteints de gonarthrose. Après 8 semaines, le groupe AINS (n=58) et le groupe exercices (n=63) montraient la même amélioration en terme de douleur (échelle visuelle analogue) qu’en terme de fonction (Score WOMAC (Western Ontario and McMaster Universities Arthritis Index) et score JKOM (Japanese Knee Osteoarthritis Measure)).


Une étude plus récente de 2018 (4) a également soumis un groupe de patients gonarthrosiques à 8 semaines d’exercices physiques (n=47) ou à la prise d’AINS (Acétaminophène) (N=46). Aucune différence n’a été notée dans la capacité à effectuer les taches quotidienne n’a été remarquée entre les deux groupes. La situation s’est améliorée de façon équivalente. Cependant les symptômes ont été davantage améliorés dans le groupe exercice. Les exercices consistaient en deux sessions hebdomadaires de 60 minutes. Elles étaient divisées en 5 parties: Echauffement, activités fonctionnelles, proprioception, endurance/force et retour au calme. Trois à quatre niveaux de difficulté étaient proposés pour chaque exercice. Une douleur de 2 à 5/10 était considérée comme acceptable pendant la réalisation des exercices.


Enfin, une étude randomisée contrôlée de 2020 (5) (n=166) a montré qu’après 12 semaines de prise en charge, les patients souffrant de gonarthrose amélioraient davantage la douleur et le fonctionnalité du genou s’ils avaient bénéficié d’un programme d’exercices par rapport à ceux soumis à trois différents AINS.


Ces études rejoignent en quelques sorte les premières observations de notre expérience. Lors de la remise à la course à pied, à court terme (<1mois), les échelles d’évaluations fonctionnelles ne montrent pas d’amélioration, voire pour certains participants, elles montrent une légère dégradation. Par contre après deux mois la tendance semble s’inverser et la fonction articulaire semble s’améliorer. Il faut donc persévérer au moins deux mois pour que l'activité physique ait un effet supérieur aux médicaments. La science nous le confirme. On imagine aisément la comparaison entre un groupe de coureurs et un groupe de sédentaires.


Il est clair que la charge imposée en début de programme sollicite des articulations laissées trop longtemps en zone de confort. Nous le savons le corps et ses structures s’adaptent aux sollicitations. Les structures arthrosiques ne font pas exception. Sous l’effet de la course à pied, elles s’adaptent et s’améliorent. Elle mettent plus de temps à s’adapter qu’une structure saine. Tout est donc dans la progressivité de l’augmentation de la charge.



Copyright Dr Hervé Auquier  & Dr Anh Phong Nguyen